Lahatsoratra |
8 Au premier plan s'étendait du nord au sud une ligne onduleuse de collines que nous dominions de notre point élevé, et par derrière on apercevait le superbe plateau d'Ankay, dont la largeur est au moins de quinze milles, tandis que la longueur du nord au sud est beaucoup plus considérable. Au fond et à l'est deux basses chaînes de montagnes fermaient l'horizon. Nous gravîmes le plateau d'Ankay, où nous trouvâmes d'assez bonnes routes. Aussi notre voyage se fit-il très-rapidement; mais nous perdîmes beaucoup de temps à passer la rivière Mangor. Il n'y avait pour le passage que quelques troncs d'arbres creux, dont chacun pouvait à peine contenir trois ou quatre personnes. Il fallut donc plusieurs heures pour faire passer notre nombreuse suite et tous nos bagages. Les rivières que j'ai vues jusqu'ici à Madagascar, y compris le Mangor, sont parfois très-larges mais n'ont pas de profondeur... Les eaux sont très-peuplées, mais malheureusement moins de poissons que de caïmans. Après avoir traversé cette chaîne de montagnes, nous pénétrâmes dans l'intérieur du pays d'Émir, dont est originaire la race des Hovas et au milieu duquel est située la capitale de toute l'île. Le territoire d'Émir consiste en un magnifique grand plateau qui s'élève à plus de 1 300 mètres au-dessus du niveau de la mer. On y découvre une grande quantité de collines isolées. Les forêts disparaissent, et l'on commence, plus on approche de la capitale, à voir quelque culture, c'est-à-dire des champs de riz. Là où le riz n'est pas cultivé, le sol est couvert de cette herbe, courte et d'un goût amer, dont j'ai beaucoup vu à Sumatra et qui malheureusement n'est d'aucune utilité, puisque le bétail ne veut pas en manger. Le territoire d'Émir ne semble pas non plus être très peuplé, et même près des rizières j'ai souvent cherché inutilement des villages qui pouvaient être cachés derrière les collines. Il y a environ quarante ans, tout le plateau d'Émir était encore couvert de bois; mais aujourd'hui, dans un rayon de près de trente milles anglais, il est tellement dépouillé d'arbres qu'il n'y a que les riches qui se servent de bois comme combustible. Les pauvres ont recours à une espèce d'herbe de savane, dont les collines et les plaines sont abondamment couvertes, et qui produit une flamme très vive, mais naturellement de peu de durée.
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