Lahatsoratra |
5 Les Bara de cette région l'appellent Ivohibe, la Grande Montagne, et plus souvent l'Iratsy, le Mauvais, le Terrible, nom sous lequel les Betsileo désignent aussi l'Ambondrombe, cime à l'Est d'Ambalavao, réputée pour être le séjour de tous les morts, de tous les Lolo de la région. Cette appellation identique dérive des mêmes croyances, à cette différence près que les Bara ne peuplent leur Iratsy, c'est-à-dire l'Andringitra, que d'esprits mauvais n'appartenant pas à leur race. Il y a dans ce bois quelques beaux arbres. Tout, aux alentours, est brûlé comme d'habitude. Il n'est resté de l'ancienne forêt que des pieds isolés d'anivo à feuilles argentées (Ravenea glauca), palmiers magnifiques qui, comme tous les autres palmiers, résistent temporairement à l'action des feux. La plus curieuse est le Kifoko (Pycnoneurum sessiliflorum), petite plante vivace, à tubercule napiforme, à tige annuelle et dressée. Ses fleurs ne s'ouvrent jamais et la plante ne fructifie pas. Elle est si rare et toujours si isolée, bien que son aire de dispersion soit vaste, que cet isolement a frappé les Betsileo, qui appellent Fanambadiana kifoko les mariages dont les deux conjoints vivent séparés et fort loin l'un de l'autre. Notre abri a été bâti à Andohariana, au pied d'une grande falaise à pic, au-dessus des magnifiques cascades du Riandahy et du Riambavy, qui tombent toutes deux dans la Zomandao d'une hauteur verticale de près de 100 mètres.
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